Naturellement Pure

Par Le Préfet, le lundi 23 avril 2012

Vous souvenez-vous du temps jadis où Rika Zarai pantouflait les vertus du bain de siège pour racornir les fesses ? Quelle rigolade ! Et qu'est-ce qu'on s'est foutu de sa gueule !

Cette saine réaction contre la médecine naturelle montrait qu'on pouvait rester sain tout en détestant la nature.

Sa majesté turgescente dans sa culotte fourragère (une botte de radis) émeut aux larmes la lippue cuisinière et, lors que sa mimine dodelette empogne l'engin elle s'enfile du microbe naturel alors qu'elle n'oublie jamais d'envelopper de plastique celle que je lui propose. À nature, nature et demi, il vaut mieux aujourd'hui être né dans un tas de lisier que de s'asseoir sur son mont de fumier, comme
Job, n'ayant à offrir que ce qu'on a à offrir.

Étant donc devenu beaucoup moins sain qu'un radis l'homme moderne broute à la Rousseau et comprend qu'il ne sert de rien de changer ce que l'ordre de la nature, de tout temps, a instauré en lois
immuablement saines et bonnes pour lui, cet idiot qui voulut faire autrement. Si bien que démarrer un moteur diesel devient un blasphème.

L'alliance de l'adverbe et de l'adjectif - «Naturellement Pure» - est la suprême frigidation de la pensée, son éternité admirable, sa vérité inébranlable. L'adverbe en effet, de tout temps, enlève au verbe sa capacité de mouvement - et l'adjectif tout le monde sait que ça sert à rien. Ce slogan puisé dans une pub pour eau à bain de siège, je le livre aux révolutionnaires, les rois du changement, pour qu'ils saisissent à quel point l'immobilisme est écrit dans les mots.

Ma grand-mère lavait les légumes à la javel. Son incurie prophylactique était révolutionnaire: dans sa rage à chasser le microbe elle remettait l'ordre naturel à sa place, c'est à dire toujours en dessous de sa volonté, ou de sa bêtise, au choix. Alors avec les meilleures intentions du monde on nous vend la pureté
de la nature. La pureté n'est-ce pas cette chose si unique qu'elle ne supporte rien d'autre qu'elle même, car ça viendrait la souiller ?

Un empereur chinois de mes amis mangeait des boulettes de mercure pour rester pur et atteindre l'immortalité. Étant ce qu'on mange, il est purement mort.