Le cri du vers au fond d'une tasse

Par Félix Fujikkkoon, le mardi 22 avril 2008

Martelant la lune d'un blues de louve, voici les meutes incendiaires aux voix de cavernes étoilées:

Âmes brûlées ! Âmes broyées ! Êtes-vous un peuple ?

Âmes tortues ! Âmes tordues ! Êtes-vous mon peuple ?

Gens qui rient, gens qui pleurent, regards errants pissant le sang vrai, n'avez-vous pas de maison ?

Liqueur puante d'un caillot de pleurs noirs, mon cœur fendu sur la rose des vents: caillot de sang, caillou de crack, flaque de carburant qu'une clochette embrase.

La loi c'est l'exil. La règle c'est l'expulsion.

Si nous sommes le peuple, où seront-nous chez nous quand les cochons viendront frapper à notre porte ?

On est tous là à se voir et à s'entendre et à presque se toucher chaque jour. Jamais tu n'as rencontré autant de mondes, jamais tu n'as été entouré d'autant d'ami(e)s et jamais une telle multitude n'aura pensé à toi, ne se sera souciée de toi.

Et pourtant ça fait longtemps que tu ne t'étais pas senti aussi abscon.

La solitude d'une statue de sel balayée par le sable.

Ne me dites pas que mon seul espoir est de m'habituer à ça.

Ne dites pas que tous les ressorts de la rage de vivre doivent se résigner, s'adapter, se réfugier dans cet être-ensemble inerte et névrotique que nous habitons tous.

La métropole est notre cercueil, une plaie qui nous sépare de la vie et nous maintient mort, car cette plaie est occupée par une sangsue.

C'est une guerre lisse dont le sortilège consiste à suturer notre mémoire-vive pour nous isoler de nos forces naturelles.

Dans l'inconséquence et l'absence il y a des gestes simples, des ritournelles idiotes, accomplies chaque minute, qui maintiennent les corps entassés dans le chenil où on les a laissés.

Il y a une certaine (petite) idée du monde, qui permet de le conserver pire qu'il n'est.

Contre le contrôle et pour une plus grande maîtrise de soi, il ne nous reste plus qu'à apprendre le Kung-Fu, lever des armées et manifester dans la joie.

YERMAT !!!