Reprise

Le championnat reprend mais il n'a jamais vraiment fini ; il y a la guerre permanente de George Orwell et le championnat permanent. On refait ses forces à l'intersaison, on met en scène le marché des transferts : le championnat se joue en dehors du terrain, il est permanent et généralisé. Il couvre volontairement tous les champs de la société : on y parle d'imposition, d'argent, de comportements sociétaux, d'influences politiques... Lire Le Monde ou l'Equipe c'est pareillement la même chose, seule la manchette change ; quand on était jeune le contenu ne changeait pas : on cachait aussi bien dans l'un que dans l'autre notre journal de cul.
Le championnat c'est la guerre des sexes. Pour les filles il y avait Santa Barbara, pour les grand-mères Les Feux de l'Amour et pour les garçons le championnat.
On l'a échappé belle. En 1998 devant l'enthousiasme de la coupe du monde on a voulu pousser les filles à participer à la ferveur footballistique ; la grand-mère supportrice du RC Lens devenait une star... bref, les femmes allaient se mêler du championnat ; on était au bord du chaos ; Deschamps paraissait beau ; il n'y avait plus aucune valeur solide ; j'ai tremblé ; on a tremblé ; heureusement ils ont inventé Plus Belle la Vie ; tout est rentré dans l'ordre.
Le championnat couvre l'ensemble de la société à l'exception des femmes, comme Tintin.
C'est pourquoi n'importe quelle fille un tant soit peu aux prises avec le féminisme vous dira que Tintin est d'un racisme horrible et insupportable. La défense de la tintinophilie primaire ne peut donc aller sans se faire accuser de misogynie. Dans les milieux où les filles ont du poil aux pattes cette position de missionnaire tintinophile est très inconfortable et suscite de nombreux malentendus.
C'est pourquoi il ne vous reste plus qu'à parler du championnat. La démarche est la même me direz-vous, à cette différence qu'elle est plus franchement misogyne tout en étant moins clairement raciste. Ce qui permet de rétablir l'ordre millénaire d'un monde où les femmes acceptent que vous leur parliez de choses dont elles n'ont rien à foutre.
Ça marche aussi pour les voitures.
Une jeune fille de ma connaissance se plaignait dernièrement d'avoir dû éconduire un amoureux obèse qui tentait de la séduire en lui parlant de voitures. Ce qui me donna irrésistiblement envie de lui parler de Tintin puis du championnat.
Ce championnat pan-phallocrate s'installe dans le monde de la communication, vous savez celui où chacun communique avec chacun sans comprendre qu'il n'y a pas de sujet commun ; il serait plus simple d'accepter une bonne fois pour toutes qu'il y a des sujets de garçons et des sujets de filles et que c'est dans le désintérêt mutuel que l'on bâtit les plus beaux mariages.
Le championnat reprend ; au printemps prochain on pourra de nouveau célébrer des fiançailles heureuses. Chacun des époux y aura accepté de ne jamais parler des sujet importants, donc des sujets qui fâchent, et l'harmonie continuera de régner grâce à leur plus parfaite incompréhension.

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Des mirettes

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