Le Père Noël est un gros rouge qui tache

Par Le Préfet, le jeudi 16 décembre 2010

Je l'ai rencontré dans sa langueur, tendant la main pour caresser un chaton. La bestiole s'accrochait à son bras, tournait sur ses épaules, explorait son cou et il n'osait s'en débarrasser.

À côté de lui une gamine rongée de bonheur les dévorait des yeux. Il finit par lui confier le chaton. Il semblait offrir une tendresse à laquelle il n'avait plus droit.

Le Père Noël les regarda longuement, commenta de quelques histoires de chat comme tout le monde en a, puis se retira en voyant qu'on ne l'écoutait plus. Tous les ans le Père Noël meurt et renait, et puis un jour il ne renaitra pas, on en sera tous surpris, et on demandera à Pepsi de nous en inventer un autre. Ce qu'il s'empressera de faire rassurons nous.

Jusqu'à présent il a été inventé une bonne fois pour toutes et n'a jamais été aussi puissant. Qu'importe puisqu'il a la décence de disparaître onze mois de l'année.

Il revint ce jour là avec un pot de citronnade, servit les verres, et passa à autre chose. Il parla plus, plus fort, plus vite, comme pressé par un rendez-vous. Il parla si bien, si sec et si fou que je partis au moindre prétexte. Dans notre dos il reprit le chat et se réfugia dans sa solitude d'être imaginaire incapable de s'inventer jour après jour. Capable seulement de mourir pour revenir l'année prochaine tout pareil à lui-même.

Et puis un jour on l'attendra en vain, et on se dira que, finalement, on lui a permis de ne plus avoir envie de mourir.

À Ugo

LE PREFET