Maximes de voyage

Par Le Préfet, le lundi 4 janvier 2010

Le voyage est l'art de souffrir de cors aux pieds qu'on eut mieux fait de soigner chez soi.

Pour un gouvernement démocratique inciter au voyage c'est faire la publicité de l'occident aux frais de ses concitoyens.

Partir c'est le plaisir de raconter comme on est bien chez soi. Revenir le plaisir de raconter comme on est mieux ailleurs. Le voyageur n'est donc bien nulle part. A l'exception du marin, qui lui est au milieu de nulle part, et à généralement le bon goût d'y fermer sa gueule.

On est un voyageur quand on va chez les autres. On conçoit assez mal que ceux qui viennent chez nous sont aussi des voyageurs.

Il n'y a rien de pire qu'une jeune fille qui fait des études pour voyager. Elles vous ont à peine rencontré qu'elles pensent à vous quitter. Elles baisent le cul pressé. Elles jouissent en anglais. Pour tout dire, elles aimeraient que vous fussiez quelqu'un d'autre.

Beaucoup d'étudiantes se destinent à enseigner le français à l'étranger. C'est pour n'avoir point à trop apprendre, à l'étranger, on peut très bien vivre avec un vocabulaire limité, les gens vous admireront toujours de baragouiner une langue qui n'est pas la leur.

Le voyage intérieur est une alternative très prisée, si bien que je ne comprends pas le mépris qui pèse sur les femmes au foyer, qui sont avant tout des femmes d'intérieur.

N'apprenez jamais la langue d'un pays où vous voyagez, vous vous rendriez compte que les gens y sont aussi cons et racistes que chez vous.

S'il n'y a pas de conquête au bout du voyage, l'homme, qui ne part jamais de chez lui pour rien, a perdu son temps et sa fierté. D'où la vogue du tourisme sexuel.

C'est quand on voit la courbure de l'horizon qu'on connait le voyage.

Le voyage est le dernier grand mythe d'une humanité sédentaire, à telle enseigne qu'on assassine consciencieusement tous les nomades : les sédentaires aiment que les autres vivent dangereusement.

L'immigration est humiliante pour l'homme blanc. Pour peu qu'un noir réussisse à côté de lui, il a l'impression de devenir son esclave. C'est, en quelque sorte, un réflexe conditionné.

Je ne sais pas pourquoi mais toute notion de voyage m'évoque forcément le commerce triangulaire. C'est sans doute de la jalousie ; de savoir qu'on a offert à des nègres un voyage que je ne pourrai jamais me payer.

LE PRÉFET