Douceur angevine

Par Le Préfet, le samedi 28 février 2009

Dans la douce précarité d'un soleil d'hiver, sur une herbe mal rasée, je sentais ma colère descendre dans mes pieds. Les canards de barbarie ne disaient rien, seuls les jars condescendants gutturaient des cris quand on les provoquaient.

J'avais fait la veille beaucoup de bruit. Et depuis quelques années j'avais hurlé des cris. Je suis allé les chercher jusqu'au ventre, pour extirper une colère vide, sans objet, sans larme.

Mes dents sont noires, et à l'intérieur de mes lèvres la ligne rouge d'un mauvais vin fait de chacun de mes sourires une demande pathétique. Je n'ai rien à dire.

Et ces cons de canards ne me répondraient pas.

Je me suis mis à gratter les derniers cris dans le fond de ma gorge comme on expulse un chat.

Il y a une partie de mon cerveau qui est morte, il paraît que la dégénérescence des neurones s'accélère en certaines circonstances. Alors, comme un cycliste dont le dérailleur est en rade, je continuerai sur un seul pignon, les côtes seront seulement plus difficiles.

C'est la partie de la colère qui est tombée, elle a glissé de dessous mes cheveux, et en se faufilant dans mes groles je la vois glisser dans l'herbe.

Encore deux pas et je ne la vois plus.

Je souris à un âne qui refuse de m'aimer, nous n'avons pas encore fait connaissance.

Ça va devenir difficile maintenant de faire du bruit. Tant mieux, j'en connais qui vont bien se reposer.

LE PREFET