OUT !

Marion Bartoli est un pot de yaourt antipathique. Mais elle gagne.
Elle ne sait pas jouer au tennis, la preuve, elle a appris en regardant Monica Séles à la télé. Mais elle gagne.
Dans le match qu'elle a disputé aujourd'hui à Wimbledon elle a donné toute la gamme des raisons pour lesquelles on ne l'aime pas. Et encore une fois elle a gagné.
Elle s'est mise en colère, a trépigné, a mal joué, n'arrivait pas à bouger, boudin scotché au gazon, et puis, les balles sont entrées dans le court, le couteau sous la gorge elle s'est surpassée de hargne et, elle est devenue sympathique.
Soudain, elle s'est permis de faire ce que tout le monde rêve de faire. Dans sa rage aveugle et maladive, elle a viré ses parents du stade.
Elle leur a fait signe de dégager. Un geste... « Vous, dehors. »
Elle s'est débarrassé de cette tutelle et tout à coup c'est toute sa graisse qui s'est envolée. C'est sanglant. De la liposuccion affective.
Ces parents qui ont tant fait pour elle, qui ont tant projeté en elle ; au moment de son succès elle les envoie au diable.
Cette image pesante, malsaine, des parents sur le bord du court en train de couver leur progéniture et d'en faire des animaux de cirque, elle l'a brisée.
Dans sa colère elle a compris. Elle sait depuis longtemps. Elle est un jouet, une poupée. Mais elle sait. Et ses parents ne lui sont plus qu'un mal nécessaire.
Je ne parle pas d'un œdipe explosif, rien de psychanalytique ici. Il ne s'agit pas de tuer le père.
Marion Bartoli nous a débarrassé d'un geste de tous les parents. Ceux qui envahissent nos trottoirs avec leurs poussettes. Ceux qui font des enfants rois. Qui créent des êtres uniques tout pareils aux autres. Ça dégueule d'exceptionnel et de fierté. Ça se fait des princes seuls au monde, au centre d'une toute petite sphère ridicule – pôpa, môman, ma famille est hyper importante etc... - des perpétueurs de race, des héritiers.
Elle a du rêver de clonage et d'être élevée dans une nurserie, anonyme au milieu des autres, obligée de se faire une identité ; ne servant ni parents ni patrie mais fraternisant parfois.
Oui, il a du bien lui manquer ce parfois de la fraternité.

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Des mirettes

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