A PROPOS DE 2011 : L'ODYSSEE DE LA TRISOMIE 51

8 ans d'existence donc... Un bon paquet de concerts à l'Embobineuse... Parfois la surprise est là, d'autres fois moins, et quelques fois pas du tout. Les aléas de la programmation...
Notre questionnement quotidien se tourne alors vers ces choix que l'on fait.
Comment continuer à surprendre, à expérimenter?
Je me suis souvent fait la réflexion que les premières œuvres de tout artiste, bien qu'imparfaites, étaient difficilement détrônées par les suivantes, voire que ces dernières perdaient leur âme. Moins radicales sans doute... D'aucuns diront qu'elles sont plus abouties. J'y vois plutôt la sagesse morne du vieux créateur qui a épuisé toutes ces cartes, détruit toutes les tours de Babel et survécu à tous les déluges... cela me fait penser à cette chanson de Beck qui s'appelle Satan was way cool. De quoi parle-t-elle en substance? De l'ennui, qui pousse à la création. Et de l'usurpation. Puisqu'ici Dieu n'existe pas ou simplement comme un pote de Satan, qui est LE véritable créateur de l'univers... De chaque nouvelle création (d'Eve à la figure mythologique du rocker, de beaux raccourcis dans l'histoire, jetez-y donc un œil, c'est très drôle, ce pourrait être un scénario de South Park), Satan se lasse... La guitare désaccordée de Beck finit par laisser place à une voix mutante qui s'accélère : Satan décide de se réfugier au centre de la Terre et de commencer une nouvelle vie.

Satan went down to the earth under the ground and started his own place
This place was way cooler than heaven
People could go there and party and get wasted without worrying about their job or responsibilities
It was like a big club with no cover charge
There was no rules everything was free
They could go there and stay for eternity

Au centre de la Terre, ou plutôt de la création, une autre planète. Un voyage que nous vous proposons le 23 septembre : 2011, l'odyssée de la Trisomie 51. Nous aurons une seule carte : celle de la roue de Fortune. Dans le tarot marseillais, la roue de fortune n'a rien à voir avec la chance, elle signifie simplement que tout évolue, que rien n'est acquis, et surtout pas notre place dans le monde. La résidence qui permettra la rencontre des Choolers et des artistes horpistes de l'Embob Prod, du 19 au 23 septembre, sera menée par cette idée que notre place dans le monde est instituée par une norme, que la roue se plaira à déplacer...

Qui sont les Choolers? Un collectif belge de musiciens porteurs d'un handicap et de musiciens indépendants, créé par le CEC La Hesse. Centre d'Expression et de Créativité qui porte décidément bien son nom, le CEC la Hesse, situé à Vielsam en Belgique pourrait bien faire figure d'avant-garde en matière de conception de la création. Son objectif social, faire reconnaître l'art des personnes porteuses d'un handicap et favoriser ainsi leur intégration sociale, va au-delà dans sa démarche créative. Nos chemins embobinés se croisent sans doute dans la conception d'un art en marge, en dehors du circuit culturel officiel, proche de l'art brut, celui qui fait écho à l'opéra prima dont je parlais plus haut. La radicalité de l'art brut et de l'œuvre première tient sans doute à son rapport contradictoire aux codes, un mélange d'affranchissement contraint et de référence maladroite, et à la brut-alité de son expression, première respiration du nouveau-né.

Pourquoi cette résidence?
La roue de fortune, maitresse de cérémonie de l'expérimentation collective et spontanée menée par les Choolers et les artistes estampillés Embob Prod (Pakito Bolino, Félix Fujikkkoon, Patrick Lombee, etc) durant cette semaine de résidence, sera là, non pas pour garantir la spontanéité, mais pour s'assurer que ces codes et places sociales (« fous », « sains d'esprit », « normaux », « anormaux », « enfermés », « libres ») attribués par notre chère société n'auront pas plus de place que dans un Carnaval. Voire même d'expérimenter la place de ceux que l'on ne sait plus comment appeler grâce à ce fabuleux langage politiquement correct... Langage politiquement correct qui cache une véritable volonté politique : celle de mettre à l'écart ceux qui peuvent perturber l'image de notre société et ne rentrent dans aucune case utile... tout comme les artistes... Alors sans dire que nous allons jouer aux Idiots, peut-être que nous allons simplement suivre un autre chemin, à l'image des Reynols, ce groupe argentin dont les membres suivaient les délires de son batteur-leader trisomique, Miguel Tomasin, jusqu'à éditer un album fantôme, une pochette sans cd, répondant au doute existentiel de Tomasin : « Les Reynols existent-ils vraiment? »
Remise en question de notre perception du monde et de ses normes, cette résidence serait l'ébauche d'une réflexion artistique autour de l'antipsychiatrie et du fait que nous sommes tous de près ou de loin concernés par la folie.

A PROPOS DE THE CHOOLERS

Groupe (d)étonnant et inédit, dont la particularité est d'associer des musiciens porteurs d'un handicap mental avec des musiciens indépendants...  Genre musical : une musique éclectique explorant un large répertoire : du jazz au trip hop en passant par le hardcore ou le blues râpeux d'un certain Tom Waits...  'Chef d'Orchestre': Antoine Boulangé (CEC La Hesse) Musiciens : Richard Bawin (B), Kostia Botkine (F), Antoine Boulangé (B), Nicolas Chaput (B), Jean-Camille Charles (F), Pascal Duquenne (B), Pascal Leyder (B), Grégory Nicolay(B), Clément Paimparay (F), Sofiane Remadna (F), Sébastien Rion (B), Simon Vermeulen (B)  A l'initiative du CEC La Hesse (B), association oeuvrant pour la promotion des compétences artistiques de personnes handicapées mentales en collaboration avec l'association « Créahm Sud »en France

« THE CHOOLERS » est un projet évolutif, envisagé comme un groupe qui puisse s'étoffer au cours des différentes expériences vécues. Un orchestre où les musiciens pourront être « amovibles » afin de pouvoir jouer en concert dans un maximum d'endroits répartis en Europe, en tenant compte des engagements et des contraintes de chaque participant dans son pays respectif.  Composé actuellement d'une douzaine de personnes, le groupe continuera à s'étoffer au fil des rencontres et des résidences artistiques programmées dans les différents pays partenaires  Cuivres, voix, batteries, guitares, machines....« The Choolers » est une mixture musicale singulière, dont le secret est la complicité artistique et humaine entre des personnes handicapées mentales et des musiciens amateurs et professionnels provenant de différents pays européens.  L'orchestre « The Choolers » s'appuie sur une pratique commune de la musique et sur une complicité entre les différents participants.  Le fil conducteur de ce projet est l'expérimentation musicale spontanée. Une créativité émotionnelle se dégage de cette complicité entre les musiciens, avec un souci de professionnalisme, soucieux du regard et de l'écoute du public, porté sur l'écoute musicale et refusant tout apitoiement engendré par le handicap. 

A PROPOS DES STATONELLS

Les Statonells (Thierry Cheyrol au balafon, petit congas xylophone, flute, synthé, cymbalette, cloche, boite d'effet naturel, kayamb, Freddy Duriès au carrogne et percussions, et Patrick Lombe à la guitare) font une musique avec une sonorité d'Afrique et d'Asie mélangée avec du  rock expérimental basé sur la semi-improvisation.

THE CHOOLERS

site - - - - - http://www.cec-lahesse.be
http://lahesse.wordpress.com

FELIX FUJIKKKOON
http://www.felixfujikkkoon.biz/

PAKITO BOLINO

http://www.lederniercri.org/